viande bovine et réchauffement climatique

Mercredi sur France inter une auditrice témoigne de ses actions pour limiter son impact sur les changements climatiques : La principale que l’on retient est qu’elle et sa famille ont « arrêté de manger de la viande et surtout de la viande rouge ».

Ce témoignage m’a donné envie de réagir, tout d’abord en tant que citoyen se méfiant par principe des solutions trop simples à des problèmes complexes, mais aussi en tant qu’éleveur et producteur de viande rouge.

Les animaux domestiques ont depuis toujours permis aux humains de survivre. En contrepartie en tant qu’éleveur nous leur offrons une vie certes non libre mais plus confortable et sûre que celle qu’ils auraient eue en liberté. Quand à la finalité de leur vie qui est d’être mangés? N’est ce pas notre destin à tous? Nous faisons nous aussi partie de la chaîne alimentaire même si nos prédateurs sont dans l’infiniment petit.

Nous essayons sur notre élevage, ainsi que dans la plupart des élevages extensifs, que nos animaux aient une vie la plus proche possible de leur vie naturelle : Nos vaches mangent de l’herbe toute l’année qui est l’aliment de base des ruminants. Dans le pâturage elles retrouvent une forme de nomadisme qui est dans la nature des troupeaux de grands ruminants. Les petits restent avec leur mère jusqu’à l’âge du sevrage ou elles l’auraient éloigné naturellement pour s’occuper du petit dernier, entre autres exemples.

De plus les ruminants sont des animaux exceptionnels qui arrivent à fabriquer des protéines animales à partir d’herbe. Les prairies sont des puits de carbone qui se libère quand on la laboure, chez nous on garde les prairies entre 5 et 15 ans avant de les cultiver. On laboure deux années de suite et on retourne à la prairie. Si on devait faire que des cultures il faudrait drainer toutes les terres, supprimer des haies pour passer les machines, passer des heures sur le tracteur, consommer énormément de gasoil, rendre nos champs rectilignes et pratiques pour que cela soit le plus commode possible. Il est hors de question pour nous de faire cela.

Nous aimons notre métier d’éleveur et la relation que l’on établit avec nos vaches et leurs petits, on les connait, on travaille avec elles plus qu’on ne les exploite. C’est un métier passionnant car il faut parfois réussir à penser comme une vache pour les comprendre, et il faut continuellement s’adapter et composer avec la nature.

Je pense que manger de la viande produite sur place à base d’herbe est plus écologique qu’acheter des protéines végétales moins locales voire importées. Cela contribue à entretenir un bocage diversifié ou on trouve encore des arbres, des haies, des petits prés et des écosystèmes riches (comparez avec les zones de cultures). Et plus de cultures signifie plus de produits phytosanitaires qui sont très peu utilisés sur l’herbe. Tout ceci à aussi un impact sur le changement climatique.

Rémi